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Mouriès est un site d’escalade très récent, il fut équipé suite au développement de l’escalade libre dans les années 80, quand même les rochers minuscules intéressèrent les grimpeurs, sous l'impulsion de Serge Jaulin qui habitait Arles à l'époque.
Une revue ayant publié un article, montrant une voiture garée dans le pré de la face nord du haut ,avec un grimpeur assurant dans Du Brut, l’engouement fut immédiat. Les parisiens qui sévissaient à Buoux n’étant pas des alpinistes ils profitèrent d’un été pour investir les deux faces nord et tracer les lignes mythiques comme "Et le diable hurla de joie", "le cœur", "défi génétique", "big mac" ou" fleur de rocaille".
Outre cette équipe (Laurent Jacob, les frères Lemenestrel et JB Tribout), un parisien émigré à Arles, Serge Jaulin, allait aussi beaucoup s'activer dans cette falaise en traçant des voies de difficulté moyenne.
Ma participation fut modeste et surtout liée à mon désoeuvrement, lorsque ma compagne Renée Guérin, venue sur le tard à l’escalade (elle a débuté à 31 ans…), travaillait les 7c de la petite face nord. Les cotations de Mouriès sont redoutables et n’ont absolument rien à voir avec les 7c et les 8a "cadeau" que l’on équipe actuellement dans certaines écoles…. Peut être est-ce là la raison du manque d’interêt des jeunes grimpeurs pour cette falaise. Pourtant elle fut enormément fréquentée dans les années 80, Michel BEAL y organisa même les 26 et 27 avril 1986 un rassemblement destiné à promouvoir la marque BEAL... le 9 mai de cette même année j'enchainais "Ceux qui vont mourir". Enchainant le 5 novembre 1987 ... venu spécialement de Lyon à la journée pour les bonnes conditions, (très froid), le fameux 7c+ de "Fleur de Rocaille"! La même année j'ai réalisé le 7c " Le Bout du Monde" et en 1991 deux autres 7c "Mourir au Hasard" et "Felicidad"... Mouriès est donc, avec Buoux, indéniablement la falaise où j'ai progressé !
Aucune de mes réalisations ne peut rivaliser avec des chefs d’œuvre, comme "Et le diable hurla de joie", car les plus belles lignes étaient déjà tracées, lorsque je suis venu pour la première fois à Mouriès. Ma première voie équipée fut "rien à foot" en face sud ... (qui devait se nommer "moiteur diesel" !), puis ce furent "remède à la mélancolie", "souffle douceur" etc...
Je me suis également investi énormément dans l’entretien de cette école. Les jeunes équipeurs avaient, à l’époque, utilisé les auto forants de 8mm, (ceux des spéleos). Durant de nombreuses années, j’ai changé à la main, les plaquettes de 8mm contre du 10mm … pour finir j’ai participé au rééquipemnt fédéral d’un grand nombre des voies de la face nord.
Je ne suis plus retourné grimper à Mouriès depuis 1995 et lors d’une visite récente en touriste j’ai constaté le changement de décors suite à l’incendie de 1998…Autrefois, de la petite face nord au pré du haut, ce n’était qu’une pinède magnifique, aujourd’hui c’est un glacis désertique !
Mouriès c’est aussi le cours central du village si agréable en juin le soir, quand une bière à la terrasse du Provence venait fêter une réussite…. et même un échec!
En octobre 2007, je suis repassé un dimanche à Mouriès ... pour grimper. J'ai trouvé toujours aussi beau finalement. Les nombreuses voies sur plaquettes de 10mm, qui en 1990 nous paraissaient parfaitement équipées sont aujourd'hui en piteux état et un chantier de rééquipement sur plaquette de 12mm a commencé. Certes il y a un peu plus de points dans Super Frite ...mais j'étais bien content!
Un topo "Escalade dans les Alpilles" regroupe actuellement toutes les voies de cette falaise et recemment un article a été rédigé par un étudiant de l'université d'Aix (Remi Lombardi):
http://tepas.mmsh.univ-aix.fr/notices/Pages/lieux/Fiche-0023.aspx#

En 2022, Serge JAULIN, un des acteurs historique de l'équipement de Mouries a écrit uns tribune très intéréssante sur l'histoire de Alpilles, vous pouvez la consulter ici