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Je n'ai jamais
caché que la haute montagne... genre goulottes et granit pourave,
ne représentait pas mon idéal. Même si pour être admis dans le milieu
j'ai effectué les grandes classiques, je me suis toujours profondément
ennuyé en haute montagne (et particulièrement sur le granit...).
Je préfère de très loin le calcaire, et ceci dès mes premiers pas
en escalade. A ce titre il m'apparaissait important de marquer de
mon empreinte, à la manière des animaux, toutes les faces calcaires
de ma région... de l'hexagone... de la planète !!! Cette boulimie
n'ayant pas dépassé le cadre du Vercors, on peut considérer que mon
cas est des plus anodin. Archiane a donc profité de cette créativité
pathologique... J'avais réalisé toutes les voies du cirque, du pilier
N-E à la paroi Rouge, en passant par des enchaînements (pilier SE
et Levant) et même des hivernales comme le pilier Livanos
que j'ai effectué avec Bernard Macho, pour nous entraîner en vu de
projets plus grandioses... qui ne connurent jamais d'aboutissement.
Si la neige est rarement présente à cette altitude modeste, je peux
affirmer que, couvert de glace, le ressaut supérieur du pilier Livanos
est un challenge non négligeable, où crampons et piolet sont mis à
contribution.
Début 1978, j'ai donc décidé de passer à la cadence supérieure et
après Presles et le Gerbier, d'étendre mon activité vers d'autres
falaises... nous avons parcouru pas mal de kilomètres dans les Préalpes,
(Chartreuse, Vercors et Dévoluy), pour observer à la jumelle,
faire une multitude de marches d'approche et quelques tentatives.
Dans ce cadre, j'ai mené avec Jean-Marcel une reconnaissance, les
18 et 19 mars 1978, dans le cirque d'Archiane. Sur les photos, notre
objectif était prévu dans la grande face située entre la voie du Levant
et le pilier Nord-Est. Les 100 premiers mètres semblant peu évident
(toujours aucune voie tracée... 22 ans plus tard, Mussato finira dans
les années 2000 par tracer une ligne très difficile),
nous avons donc cheminé au pied de la falaise pour finir par repérer
l'écaille évidente de la future voie Ulysse.
Le week-end suivant (25, 26 et 27 mars 1978), mon carnet note " 3
jours de mauvais temps, 1 longueur réalisée". Ce n'est que la semaine
suivante que nous avons pu terminer la voie avec Jean-Marcel CHAPUIS
et JAVEL, le samedi 1er avril il pleuvait encore et nous n'avons pu
faire qu'une longueur, mais le dimanche 2 avril 1978 nous sommes sortis
sur la vire à 3 heures du matin... bivouac et retour à Lyon le lundi.
Ulysse était le prénom du fils d'un berger, qui habitait alors à Archiane,
et qui nous laissait dormir dans sa grange (qui deviendra le refuge
actuel). C'était un personnage digne de Pagnol, qui presque centenaire
avait des aventures avec une grand-mère du village... Ulysse avait
monté le bar où les grimpeurs se réunissaient, et les 2 futures voies
feraient aussi référence à cette famille (Pénélope et Télémaque).

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