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la voie des TICHODROMES.. du nom d'un oiseau, qui vit dans les falaises
calcaires, et que nous apercevions lors de l'ascension. Cette voie
commencé les 4 et 5 octobre 1975 par l'équipement des 3 première longueur
n'est qu'un challenge d'artif sur gollots (qui vieillissent...), à
l'époque ce tracé assez illogique nous fascinait, car nous ne vivions
que dans les récits des monuments d'artif (Early morning light au
Cap, la Maestri à la Roda di Vaël, le Cerro Torre etc... au delà de
l'escalade technologique, la ténacité nous fascinait plus encore et
la voie Harling à l'Eiger nous semblait "LA" référence des références).
Vers le 10 Août 1976 en vacances à Courmayeur je pensais plus à la
noire de Peuterey... avec un œil sur l'intégrale, qu'au Gerbier. Mon
second devait être un tout jeune alpiniste du club F.S.G.T dont nous
étions membres... Daniel LACROIX (rapidement surnommé JAVEL). Je venais
de le tester dans une petite course et les mises en garde des anciens
du club, qui m'accusaient de mener à la mort ce jeune de 15 ans, me
semblaient sans fondement. La suite m'a donné raison puisque j'avais
déniché l'un des alpiniste lyonnais les plus brillant des années 80.
La météo par contre se montrant intraitable, je finis par battre le
rappel des copains pour aller terminer cette voie au Gerbier. Jean-Marcel
avait encore un plâtre de marche, suite à sa tentative au pilier du
Gag, mais il fut néanmoins du voyage... avec une béquille pour monter
au pied.
Et du 14 au 23 août nous avons foré cette ligne dans les surplombs
du bouclier de dalles... Chapuis avait été chargé des vivres. Le premier
soir le menu fut un saucisson et une tablette de chocolat par personne…
Il avait prévu un menu identique pour les 10 jours suivants, le lendemain
matin je suis donc descendu en rappel de R3 pour faire des courses
à Vif. En remontant sur le sentier du périmètre j'ai rencontré Javel
qui pensait se joindre à nous. Comme il n'avait pas de jumards à l'époque,
je n'ai pu accepter.. ce serait pour la prochaine fois.
Pendant 5 jours nous avons bivouaqué à R3, car tous les relais que
nous installions au dessus étaient sur étriers, une corde de charge
et des talky nous reliaient au bivouac afin de pouvoir disposer de
matériel si besoins... NOUS c'est moi et Luc Jourjon car dans cette
première nous fûmes les seuls à nous relayer en tête, Chapuis étant
de fait réduit par son plâtre à l'intendance et Chazalet s'étant brûlé
le premier jour, en montant au jumard, il restèrent 9 jours durant
installés dans des hamacs à écouter le transistor et le grésillement
du talky. L'ambiance se dégrada vite, entre les actifs et les inactifs.
Avec Luc nous avons continué vers le haut en bivouaquant à R8 à partir
du 20 août, passant même une nuit presque entière, pour venir à bout
des dalles compact. Luc à planté à la main 30 spits cette nuit là...
Pendant que je l'assurais dans les étriers, j'ai vidé une topette
de gnole... et quand il me hurla dans l'obscurité de venir je suis
tombé de mes étriers! Dans la grotte de R8 nous avons terminé cette
nuit recroquevillé l'un sur l'autre, avec le matos encore au baudrier,
tellement nous étions fatigués.
Le dernier jour, les 2 malades se décidèrent à monter au jumard pour
rejoindre les vires de Prelenfrey, mais au bivouac personne ne parlait
plus à personne, tant les relations étaient devenues conflictuelles.
Finalement on a poussé le matériel superflu dans le vide... descente
par le pas de l'œil, récupération des sacs éventrés dans le pierrier
et monstre resto à l'hôtel du Gerbier (qui n'existe plus aujourd'hui).
Très inquiet, Le patron M Mahoussier, avait surveillé chaque jour
notre progression à la jumelle.
Un petit article paru dans
la Revue Alpine (revue du CAF de Lyon) résume bien l'ambiance
de cette première !

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