Amine SEBAHI
Amine SEBAHI fut le compagnon de
JAVEL pour de nombreuses courses en montagne avant que ce dernier ne
fasse équipe avec Eric Escoffier. Exemple parfait de Jekkil et Hyde…
la plupart des naïfs étaient dupes mais en réalité sa personnalité collait
parfaitement à la bande des lyonnais de l'époque … Provocateur à l'extrême,
ses écrits dans le cahier de Presles étaient au vitriol, très littéraire
et amateur de poésie il avait un style indéniable.
J'ai ouvert pas mal de voies avec lui car son métier d'instituteur ne
l'intéressant pas outre mesure, il s'arrangeait pour se libérer facilement
! ! ! Il fut surnommer Mimile car il utilisa pendant quelques temps
un béret en guise de casque. Sa personnalité très complexe est difficile
à décrire en quelques lignes. Adepte des régimes amaigrissants pour
améliorer ses performances, il pratiquait des excès comme manger de
la cellulose (du papier) en salade avec de l'huile restricale… pour
couper la faim!
Son petit appartement de la place Croix Paquet était devenu le QG d'un
quatuor formé de Mimile, Javel, Renée et moi … On y mijotait des projets
de premières, mais aussi quelques mauvaises actions qui ne furent pas
toutes menées à bien (comme ce rêve, d'aller un soir, scier l'arbre
de la voie du "Dièdre à l'Arbre" à Solutré !)… Certaines soudèrent notre
équipe, mais le temps a passé, il y a prescription… même pour en parler!
Il était assez frêle, mais courait le marathon en moins de 3 heures
et en montagne comme en escalade faisait preuve d'une audace hallucinante.
Quelques anecdotes révèlent bien le caractère d'Amine:
A Buis les Baronnies, dans la voie des Dieux Vivants, équipée un samedi
et répétée par tous, il croulait sous nos quolibets n'arrivant pas,
à passer en libre …encordé! Le dimanche matin il est arrivé au pied,
a astiqué ses chaussons pour enchaîner la voie en solo…
Il bivouaquait au pied de son lit … par principe… Pour ces élèves de
maternelle il était colonel 6b!
Dans les Pyrénées au milieu du grand dièdre des Spijeoles, son compagnon
de cordée se plaignant des risques qu'il prenait à grimper sans protection…
il s'est décordé, lui a balancé la corde et a continué en solo vers
le sommet pendant que l'autre se tapait des rappels pour descendre!
J'ai vécu avec lui des délires inoubliables. Quand nous ouvrions ensembles,
il avait obligation de planter un spit au relais avant que je ne monte
… car pour ne pas se fatiguer les bras, il posait plus qu'il ne tapait
ses pitons! On avait rarement besoin du marteau pour les récupérer!
Seul son dernier gag m'a échappé… il en a fait profiter Georges Durand!
Contrairement à ses affirmations, la météo de Cham n'était pas nulle
ce WE du 8 février 1986 … Et le préposé à la météo tout sauf un crétin
quand il annonçait -50° à 4000 mètres… et partir ultra léger dans la
goulotte Modica-Noury au Tacul était suicidaire! On les a retrouvés
le 11 février au sommet, gelés dans le mouvement…
AMINE avait survécu sept mois à son compère JAVEL! Une autre époque
s'annonçait, plus raisonnable, j'ai quitté Presles pour oublier. Je
suis revenu 15 ans plus tard, équiper "La Mémoire des Absents", en gravissant
cette voie avec Renée, ils étaient toujours aussi présents dans notre
esprit, sans doute idéalisés… mourir jeune donnant ce privilège.
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