Jean-Marcel CHAPUIS
Décédé le 8 septembre 2020 ... Hommage
à notre cordée
Jean-Marcel
CHAPUIS a été le compagnon des premières courses.
En septembre 1971 quand je débarque à Lyon revenant de
Paris, où mon travail de fonctionnaire m'avait exilé,
je dirige mes pas vers un club affilié à la F.S.G.T :
Les A.N (amis de la nature).
A la première réunion j'ai demandé à suivre
la collective qui se dirigeait à Doizieu. L'encadrement de cette
sortie était sous la responsabilité de Jean-Marcel et
il décida que j'avais les aptitudes pour attaquer des projets
plus ambitieux
. Cet automne là ce ne fut que les couloirs
cheminées au Deux Surs.
Dès 1972 les grands projets dans les Alpes furent au programme.
Pour nous entraîner le Vercors fut notre terrain de prédilection,
et nous avons graduellement monté les challenges dont certains
à l'époque étaient redoutés (la voie des
Parisiens à la Pelle effrayait les meilleurs
).
Pendant quelques années il fut l'expérience qui me faisait
défaut (je ne connaissais rien des avalanches, des techniques
glaciaires
) et en écho j'apportais l'ambition qui faisait
défaut dans ce club où faire l'Arc de Cercle en Week-end
passait pour suicidaire
Que dire alors du Bonatti, du Badile ou
des Tre cime di Lavaredo
En plus Jean-Marcel était le technicien qui forgeait la semaine
les pitons nécessaires aux premières et il disposait à
la S.N.C.F des disponibilités idéales pour nos entreprises.
Notre cordée se rompit quelquefois quand pour des objectifs particuliers,
ou parce que j'étais beaucoup plus libre et ambitieux que lui,
je me suis encordé avec des compagnons comme Bernard Macho, Roger
Reymond ou Dominique Marquis.
Jean-Marcel était avant tout un alpiniste et l'évolution
vers l'escalade pure ne lui convenait pas trop, dans les années
1980 sa présence avec nous était moins marquée
et notre cordée définitivement rompue.
Il ne voulait plus nous suivre dans nos entraînements en école
pour affronter le 7ème degré
et Le 26 avril 1982
en arrivant au bar à Buis les Baronnies, avec Renée, Mimile
et Javel la nouvelle est tombée : Il avait eu un très
grave accident en Vercors
Dans un tas de caillou
la voie de La Pluie à Combe Laval,
il assurait le leader dans la première longueur, quand ce dernier
fit effondrer des blocs de rochers. La fracture à l'épaule
était bénigne mais le choc vrilla la colonne vertébrale...
la descente par les pompiers amateurs du coin aggravant sans doute le
déplacement. Il était désormais condamné
au fauteuil roulant !
A l'hôpital de Grenoble quand nous sommes venus lui rendre visite,
il nous a apostrophés avec bonne humeur par un " paraplégique
les gars !
c'est mieux que tétraplégique !"
Cette rudesse était-t-elle une façade ou le fond de son
caractère ? Je n'ai jamais pu répondre à cette
question
Durant nos années d'alpinisme, j'ai essayé de communiquer
avec lui, mais il restait toujours dans le "pratique" et "l'utilitaire",
faisant abstraction des sentiments
Aux bivouacs les plus sordides,
il se tournait d'un coup, en disant " bonne nuit "
et
dormait jusqu'au matin sans broncher ! Je crois qu'il était l'archétype
du rude montagnard ! ! !
On se téléphone encore parfois mais les souvenirs sont
bien loins
Quelques-unes une des courses réalisées ensemble depuis
nos débuts en octobre 1971
sans les premières mentionnées
sur le site
ni les nombreuses voies parcourues en Vercors.
1972: Face S-E de Roche Méane, Eperon Frendo à l'Aiguille
du Midi, Eperon de la Brenva, Paroi rouge d'Archianne.
1973 :Face ouest de la Dibonna en hivernale; Voie des grands surplombs
à Glandasse (2nd ascension).
1974: Col de l'ange (1ere hivernale), Voie de la Révélation
à Archianne(2nd), paroi rouge du Verdon (3ème asc).
1975: Coste Rouge à l'Ailefroide, Pilier Bonatti au Dru , Face
Nord du Badile, Voie Tissi à la Torre Venezia.
1977: Col de Bonne Pierre (1ère hivernale), Cima Grande voie
Comici.
1978: Traversée des Aiguilles du Diable
1979: Petites Jorasses face W, Pilier Gervasutti au Tacul.
|