En 2023 par suite d’une recherche
sur google, j’ai appris que Régis CHAZALET était
décédé le 26 janvier 2021. Et soudain l’histoire
de ma vie revient en surface !
Il vivait à Nouméa et c’était donc la raison
qui fait que je n’ai eu aucune nouvelle de lui depuis plus de
30 ans.
Régis fait partie de l’histoire de mes débuts
en alpinisme… en septembre 1971, de retour de Paris, je me suis
inscrit au club FSGT des Amis de la Nature qui se réunissait
tous les jeudis dans une brasserie place du Pont, dans le quartier
de la Guillotière à Lyon. Afin de débuter l’alpinisme,
une activité pratiquée avec enthousiasme durant mon
année de service militaire
C’est ici qu’en 1972, accompagné de Danielle (ma
première femme et compagne de cordée durant l’été
1971 où nous avions réalisé, sans aucunes connaissances
techniques et avec une corde statique, le Dôme de neige des
Ecrins, Roche Faurio, les Agneaux et le pic Coolidge), j’ai
rencontré un grand nombre des compagnons de ma vie d’alpiniste.
Serge SCARLATTI, Jean-Marcel CHAPUIS, Monique JOURJON … mais
aussi une bande d’adolescents tous issus du même quartier
de Bron… Jean-Michel FOURNIER, Yves BEROUJON et Régis
CHAZALET.
Ils avaient environ 17 ans, et sous l’impulsion du plus motivé
d’entre eux (Jean Michel) rêvaient comme nous tous, à
l’époque, d’exploits ! Ils trouvèrent sans
doute en moi un adulte leader … suis-je coupable de n’avoir
pas freiné leur enthousiasme et donc le responsable des accidents
qui suivirent … un peu sans doute !
Car l’avantage de cette époque, c’est qu’après
quelques longueurs à Buis les Baronnies, personne ne te demandait
un passeport pour affronter le pilier Bonatti au Dru ou le Grand Capucin
… dès 1972 nous allions prouver qu’il fallait de
l’audace pour le but que nous poursuivions (Pilier Sud des Ecrins
pour moi sans aucune expérience ou Bonatti au Capucin pour
Jean Michel).
En juillet 1974 Jean Michel FOURNIER et un autre jeune de la bande
tout nouveau (c’était sa première course), Jean
Christophe … allaient trouver la mort au couloir Nord du Pelvoux.
Ils avaient 18 et 20 ans ! Avec Jean Michel FOURNIER j’ai, ouvert
la voie des Bouffons à Presles quelques mois avant son décès!
Nous étions tous plein d’enthousiasme … nous ne
savions pas que la décennie qui allait suivre serait celle
des morts victimes de cette audace revendiquée … jusqu’à
décimer totalement notre bande d’amis !
La liste est longue, après Jean Michel FOURNIER … Bernard
MACHO, Javel (Daniel LACROIX), Amine SEBAHI, Georges DURAND, Françoise
DURAND (sa sœur), Patrick DECORPS … et plein d’autres
dont j’ai oublié les noms, qui sont passés tels
des météores avant de terminer leur courte existence
dans un accident d’alpinisme ! Durant 10 ans à un âge
où on va au mariage des copains et au baptême de leurs
enfants … nous fumes abonnés aux enterrements ! Sans
oublier ceux qui restèrent handicapés (Jean Marcel CHAPUIS)
! Nous restons Renée et moi les gardiens de cette mémoire
d’une époque !
Point positif … Yves BEROUJON et Régis CHAZALET ayant
perdu leur mentor, se sont assagis et ont donc survécu !
En février 1975, Régis faisait partie avec moi, de l’équipe
qui ouvrit le Pilier du Souvenir (une pensée pour notre copain
disparu) … C’est tous les deux que nous sommes sortis
au soir du 2 février sur le plateau pendant que la cordée
suivante récupérait le matériel !
Ensuite nous avons fait de nombreuses voies dans les Préalpes
dont la voie Seigneur en face nord du Mont Aiguille et en apothéose
la voie des Tichodromes au Gerbier avec 10 bivouacs en hamac à
la clef !
Après l’armée il s’est installé à
Chamonix Sud où son appartement devint le rendez-vous de la
bande des Lyonnais … avec des souvenirs de fêtes mémorables
!
Il ne faisait plus de montagne et après quelques années
il a disparu complètement de Chamonix (après avoir eu
un enfant) … j’ai longtemps exploré google pour
le retrouver … sans doute voulait il rester caché et
seul son avis de décès a refait récemment surface
… réveillant plein de souvenirs vieux de bientôt
50 ans .