DANIEL LACROIX.... JAVEL pour tous
ses copains...
Avec
Eric ESCOFFIER et le Suisse SCHAFTER, il
venait de réaliser la première ascension française
du K2 (8611m), personne n'était encordé, personne ne s'attendait,
il avait accepté cette démarche du "chacun pour soi"
et quand vers 8400m il s'est posé pour souffler ... il est resté
là haut! Avec son copain d'exploit Eric ESCOFFIER ils avançaient
toujours ainsi, l'été comme l'hiver... décordés
ou à corde tendue, dans les voies les plus difficiles des Alpes,
à une cadence qui impressionnait tous les protagonistes du haut
niveau de l'époque! Ils sont tombés tous les deux et c'est
sans doute logique.
Mais JAVEL (Daniel LACROIX) reste à mon avis l'un des alpinistes
Lyonnais les plus brillant, ce n'était pas un professionnel mais
un vrai amateur qui vivait de petits boulots pour assurer le quotidien,
et sa trajectoire restera marquée d'une classe exceptionnelle
... loin de l'alpinisme besogneux des 8000 avec oxygène et des
listes de courses construites avec acharnement ... la cordée
qu'il formait avec ESCOFFIER était exceptionnelle... enchaînement
en un jour de Directe américaine /Bonatti, Directe américaine/Walker,
Pilier d'angle/Pilier du Freney en hiver ...et il fallut attendre presque
20 ans pour que la cascade de la Pisse fut répétée!
Avec Georges Durand et gilles PERSIA il répéta la face
Nord du Huascaran.
Le 30 juillet 1985 j'écris dans mon carnet "Javel est mort
le 7 juillet en descendant du K2 ... moral à zéro!"
puis le 31 "retour à Lyon, réunion avec les copains,
Mimile, Rolland et Georges, on déménage l'appartement
à Javel", le 2 août enfin "Retour à Chamonix,
météo moyenne, route au Grimsel avec les copains, le moral
général est à zéro, plus grand chose n'est
réellement important".
Né le 15 juillet 1959 ... il n'aura pas fêté ses
26 ans !
L'un de mes meilleurs copains venait de quitter notre petite bande,
et bientôt après la mort de Mimile et Georges en février
1986 elle exploserait définitivement, je quitterai Presles pour
de longues années afin de ne plus croiser les souvenirs et je
tenterai de reconstruire avec d'autres des liens qui ne seront jamais
à la même hauteur. Seule ma compagne Renée GUERIN
(illégitime à l'époque) partage encore avec moi
les souvenirs de cette époque qui reste dans mon esprit un "eldorado",
dédié à l'amitié, la fête et la folie...
J'avais passé 15 jours en avril avec lui à Buoux, car
nous avions des projets ( juste avant sont départ il venait d'enchaîner
"autoroute du soleil" un 7c redoutable à l'époque!).
Ma première rencontre avec lui remonte à l'été
1976 au camp d'été de la F.S.G.T à Courmayeur...
de retour d'Oisans où j'avais réalisé la voie Fourastier
en face Nord du Pelvoux, un petit jeune de 14 ans s'est proposé
pour être mon second sur la noire de Peuterey ... le Chef de Camp
(Serge Scarlatti) m'ayant engueulé et conseillé de faire
avant une course test, nous devions grimper ensemble toute la semaine
avant ce projet. mais le mauvais temps sur les Alpes allait me pousser
à rentrer à Lyon battre le rappel de tous les copains
(Chapuis, Jourjon et Chazalet) pour aller "perforer" 10 jours
durant le Gerbier dans les Tichodromes. le petit jeune voulait nous
suivre, mais il me semblait un peu tendre et manquant d'expérience!
Il se nommait "LACROIX" on lui attribua le surnom de "JAVEL"...
un humour bien dans notre style de l'époque!
Quelques jours plus tard, quelle ne fut pas ma surprise de rencontrer
mon Javel, perdu en plein brouillard sur le sentier du périmètre
alors que nous montions des charges de matos au pied de la voie! Il
était venu de Lyon en stop pour nous voir... Devant cette détermination
je proposai qu'il nous accompagne durant ce voyage, mais il n'avait
pas de jumard, et je me suis contenté de lui promettre que la
prochaine voie que nous attaquerions il serait de l'équipe...
Cette promesse fut tenue, puisqu'en septembre 1977, il était
avec moi dans la voie de la
Tangente... il eu aussi une revanche du 6 au 11 septembre 1983 quand
tous les deux nous avons terminé 9ème décennie
en Spit Majeur au Gerbier!
Dix années à se voir presque quotidiennement, ou nous
avons partagé toutes les émotions de la vie, où
nous avons souvent nargué les convenances et les lois... Que
me reste t'il hors les photos ? ...Beaucoup de souvenirs ne pouvant
se partager avec un large public, et puis aussi le souvenir de mes hurlements
dans le Super Couloir du Tacul quand il avançait à corde
tendue, son pendule dans le grand toit du Nose,
un bivouac effroyable dans l'orage au sommet de 9ème
décennie après 6 jours de bivouac, des entraînements
pour le marathon (Il avait réalisé 2h41 pour son premier
test!!! me laissant à 45 bonnes minutes, et battant Mimile d'une
minute)... sa tête au sommet du Dru quand avec Eric ESCOFFIER
ils nous attendaient Renée GUERIN et moi au sommet de la directe
Américaine... (mais eux avait réalisé en plus le
Pilier Bonatti ce jour là!!!).
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