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Bernard MACHO

Bernard MACHO ne fut le compagnon que de rares courses en montagne, ce sont surtout des projets que nous avions ensemble … et ils finissaient souvent à Chamonix en fêtes avec des copines et des copains ! Réunis tous les deux, nous étions sans doute trop festifs.
Il me reste quelques souvenirs … Une tentative hivernale à la face Nord de la Meije avec Luc Jourjon (une monstrueuse avalanche balayant les Enfetchores … et arrachant le matériel déposé à la fin de l'automne y mit un terme), une tentative pour ouvrir une goulotte en hiver à la Verte avec Bourbousson qui se termine avec la grippe au bivouac pour Bernard et moi, quelques petites premières en Vercors (Bénevise, Buis). Par contre, nous avons partagé 3 années durant nos loisirs dans les écoles d'escalade (Calanques, Buoux etc..).

Bernard travaillait l'été comme guide, il disposait donc de beaucoup de temps aux inter saisons. Les challenges étaient différents de ceux actuels, mais répéter des voies comme la Gamma à En Vau ou les hommes volants au Socle de la Candelle nous motivait comme plus tard le libre motivera la pratique de l'escalade sportive. En plus nous équipions les voies du bas, avec des pitons … même en école ! Bernard MACHO pour le C.A.F de Lyon, représentait l'espoir de la relève pour les nostalgiques de la génération Duplat et Vignes, d'autant plus qu'il s'intégrait bien dans le moule bourgeois de la vénérable institution Lyonnaise… ce que plus tard refusera JAVEL

Excellent pianiste, bon skieur, alpiniste complet, Bernard était aussi très ambitieux et voulait réussir une carrière alpine en médiatisant ses exploits ! La face Nord des Droites en hiver et en solitaire représentait pour lui un challenge idéal… Il l'appréhendait un peu, et nous avions longuement débattu du projet. Pour sécuriser au maximum l'entreprise, il avait décidé de s'auto-assurer intégralement ! Nous avons juste oublié que Bernard n'était ni motivé ni habitué à l'escalade technologique … Il m'a demandé une 100 m en 7mm (pour assurer une éventuelle retraite), quelques explications sur un nouvel engin baptisé shunt … et il est monté au refuge d'Argentière avec sa copine Françoise Mantel.

Le 6 mars 1976, dans la tempête, depuis le haut des Droites, il entama la retraite sur deux cordes de diamètre différent … Pendant plusieurs jours le P.G.H.M à cherché son corps sous les avalanches qui balayaient la face nord avant de le localiser … son shunt était encore sur la corde de 11mm nouée à la 7 mm ! Il y avait eu déjà pas mal de casse dans la bande, mais il fut le premier de mes supers copains à tomber… je perdais ce qui est rare dans la vie un ami. Dans tous ces collègues tombés quelque part en montagne, ce sont surtout les amis qui toute la vie manquent, Bernard, Javel, Mimile … même vide, même absence bien plus profonde que celle d'un simple compagnon de cordée !

Je me suis longtemps senti coupable… de ne pas l'avoir mieux conseillé sur l'utilisation du shunt, d'avoir fait les crétins ensemble tout l'hiver à Chamonix, le poussant ainsi à tenter avant le 22 mars fatidique une hivernale à tout prix… Surtout la météo était loin des performances actuelles, et de toute façon la mort en montagne reste toujours le résultat d'une erreur que les vivants doivent accepter.

 

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