Rochers de PRESLES: La petite histoire de la Voie du pilier du SOUVENIR


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Topo (croquis) Topo (texte) Photos d'époque

La Voie du Pilier du SOUVENIR
: Voie ED ouverte les 1et 2 février 1975 par Jean-Marcel CHAPUIS, Régis CHAZALET, Luc DEVORS, Bruno FARA et Luc JOURJON 135pitons et 64 expansions non compris les relais.
Voie équipée du bas imprimer le topo et l'historique
Les falaises depuis le sommet d'oxus Sur la vire lors de la première la face sud depuis la route Vue du pilier Jean-Marcel Chapuis à l'ouverture le pilier depuis choranche
Le Pilier du Souvenir est avant tout la marque d'une émotion... Celle ressentie à la mort de mon ami Jean-Michel FOURNIER tombé avec son copain Christophe au couloir Nord du Pelvoux le 13 août 1974. Il nous fallait une ligne qui ressemble à un mémorial, et ce pilier SE qui domine, telle une proue de navire, la vallée de la Bourne et le village de Choranche était de toute évidence la ligne prédestinée. La voie du Grand Pilier, (aujourd'hui disparue car remplacée par la voie Bal Masqué), évitait le fil du pilier par la gauche. Nous décidâmes donc de tracer une ligne au cordeau, sans dévier d'un poil... quitte à forer les deux premières longueurs! Sur les traces illustres de Maestri et Hardding, la question d'éthique ne nous effleura même pas. J'avais en 1974 une admiration sans bornes pour les réalisations lourdes, fruits de la pugnacité de leur auteur. Le Capitan, avec des voies comme le Nose et Early Morning Light (record des bivouacs à cette époque), le Cerro Torre ou la directe de l'Eiger me paraissaient un aboutissement. Le 1er septembre 1974 avec Jean-Marcel CHAPUIS, nous avons donc foré patiemment 14 trous de 8mm, avec un rudimentaire tamponnoir " maison ".Seul le départ échappa à notre ravage… le premier spit fut posé à l'aide de cales de bois, coincées entre les colonnettes. Durant de nombreuses années, cette première plaquette posée à 4 mètres du sol intrigua les répétiteurs, qui durent soit se forcer à quelques pas de 6a soit récupérer la branche qui restait en permanence au départ. Actuellement un nouveau spit a surgit... posé par un inconnu... et en plus il a remplacé la 3ème plaquette par une Petzl, pour orner ce premier point rajouté d'une plaquette à nous!!!
Forer des trous à la main est un exercice fastidieux, dont le souvenir a disparu depuis l'apparition des perceuses à accus. Cet effort entêté nous paraissait une composante du mérite à conjuguer avec le nombre des bivouacs passés en paroi. La notion de niveau de difficulté était moins marquée (même en montagne). Le niveau d'un itinéraire se mesurait surtout par la volonté qu'il requérait, alliée à la capacité à souffrir,. Durant les week-end passés sur le PILIER DU SOUVENIR, nous avons bivouaqué sur la vire médiane presque une dizaine de fois, parfois sous la neige sans rien faire (les 18 et 19 janvier 1975... mon carnet stipule " Régis a posé 5 pitons, bloqués 48 heures sur la vire par la neige ". Nous n'étions pas des héros et nous hissions des fagots de bois afin de faire un petit feu le soir... des saucisses grillées en plein hiver sur la vire de Presles, quelques bouteilles de rouges et une gourde de gnole... froid nous jamais! En suivant les notes prises à l'époque, je découvre que nous avons atteint la vire le 7 décembre 1974 et que la date mentionnée dans les topos ne recouvre que le week end final... ainsi décomposé.
Le 1er février 1975: Le matin nous montons à trois au pied. Montés à la vire avec Régis CHAZALET, nous hissons une charge de pitons et renvoyons les jumards à Jean-Marcel CHAPUIS qui redescend attendre les deux autres. Avec Régis j'équipe R8 et nous redescendons bivouaquer à la vire. Jean-Marcel, Luc JOURJON et Luc DEVORS arrivent à Ranconière vers 17h et nous rejoignent vers 22h au bivouac. (Jourjon et Devors se sont joints à nous au dernier moment pour terminer le pilier...ils n'ont pas de jumards). Le 2 février 1975: Avec Régis CHAZALET, j'équipe jusqu'au sommet (R11) que nous atteignons à 16h15, les autres remontent sur les cordes fixes en récupérant le matériel. A 18h nous commençons à chercher la descente. Nous arrivons à Pont en Royans très tard où nous couchons.
Dans les semaines suivantes, j'ai contacté par courrier le journal local (le Progrès), afin de signaler cette réussite. Un pigiste cru bon de se déplacer et de s'octroyer une prime substantielle en faisant une pleine page de cette modeste réalisation. Quelques inimitiés dans le milieu des alpinistes Lyonnais datent de cette époque.