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La voie L’AVENIR DERRIERE SOI, est avant tout l’échec
d’un projet présenté à V.T.N.O fin 2007
(après SHESEP ANKH).
Le 11 mai 2008, au retour d’un voyage à Siurana, j’ai
donc voulu commencer ce projet de rééquipement d’une
de mes anciennes voies, LES
TRANSIS D’AMOUR, ouverte en mai 1981 classiquement (du bas
avec pitons et coinceurs). Au pied, j’ai réalisé
combien les critères de l’escalade agréable avaient
changé en 30 ans … l’attaque est dans une pente
sordide et la première longueur en IV+/V, relève plus
du jardin instable que de la falaise propice à nos pratiques
! Le premier point à 15 mètres, me fait penser qu’il
faudrait rajouter des pitons afin de ne pas risquer de mourir stupidement,
et surtout pour arriver à rendre cette voie intéressante,
(aux goûts de 2009), il faudrait une volonté de terrassier
en travaux accros !
Je laisse donc ce chef d’œuvre du pur classicisme aux amateurs
de Terrain d’Aventure … Ouf, les membres de I.T.A, (Initiative
Terrain d’Aventure), peuvent respirer, ils gardent cette "bouse"
intacte pour leur grande satisfaction !
Le soir même, j’ai fait un tour sur la vire de Télébus
pour repérer une autre de mes anciennes voies CLIFFALIBUR
qui par contre, reste d’actualité pour une reprise de
l’équipement ! Mais finalement je repousse ce projet
et le 12 mai 2009, je pousse une reconnaissance dans les vires à
droite de la rampe de Choranche, où une ligne (la grande fracture
diagonale) me titillait l’esprit depuis longtemps. Cette ligne
était plus que logique, je trouverai d’ailleurs deux
points posés dans le haut par BBX (Bruno Beatrix), qui avait
aussi eu cette idée mais avait abandonné ... la question
se pose: pourquoi personne dans les années 80 n’avait
essayé de la gravir classiquement ?
Le 23 mai 2008, je pose les premières statiques dans le haut,
(le dièdre en 5b, de la dernière longueur), ça
a l’air sympa (même si en l’état actuel …
blocs instables en moins … c’est assez différent).
Les gardes de nos petits enfants, (Lukas, Axel et Léane), durant
les étés 2008 et 2009 (passés à l’hôtel
du musée de l’eau à Pont en Royans), me permirent
de bien avancer ce projet. Cela compensait les automnes passés
à Kalymnos chaque année qui freinent mon activité
à Presles ! Kalymnos me donne aussi une vision très
sécuritaire de l’escalade, qui se ressent dans cette
dernière réalisation !
Le 12 octobre 2008 avant de décoller pour Athènes, je
range les cordes statiques aux relais pour qu’elles passent
l’hiver … mais le bilan n’est pas très optimiste
! Les vires entre R13 et R15 sont un chantier qui me fait douter et
pour l’instant je ne suis arrivé qu’à ce
qui sera R10 … En plus cela me semble très difficile,
(je garderai cette impression fausse jusqu’à la répétition),
et pour aggraver ce pessimisme, mon fidèle compagnon des couloirs
de glace de ma jeunesse, et même de l’éperon Walker
… rendit l’âme ce jour là … vaincu
et usé par ces années de jardinage à Presles.
Paix à son âme … il
repose en paix pour l’éternité à R15 !
Durant l’hiver 2008/2009, le nom fut trouvé. Pour plein
de raisons ce sera : L’AVENIR DERRIERE SOI ! La principale est
l’âge, qui rend de plus en plus pénibles de tels
chantiers … l’âge qui procure aussi des angoisses
inconnues dans notre jeunesse, quand on est pendu seul, sur une statique
ancrée sur un minuscule goujon de 8mm, (surtout au dessus des
surplombs de la paroi rouge) !
Peut être ce nom révèle t-il les pensées
qui m’ont traversé l’esprit entre décembre
2008 et février 2009? Quand j’ai vraiment pensé
que cette voie serait terminée, à titre posthume, par
un autre ! Les vœux de "bonne année bonne santé",
prononcés du côté de Toulon avec des amis, ont
du être efficace car fin janvier les IRM et analyses diverses
ont confirmé que, contrairement à ce que les symptômes
laissaient prévoir, j’échappais au crabe qui bouffe
la cervelle ! J’étais donc encore en service pour quelques
années, mais j’avais soudain intégré dans
mon esprit que le temps nous est compté … et que dans
mon cas il en reste assez peu devant ... surtout du bon temps ! Et
ce peu de temps on a aussi envie de le consacrer à d’autres
choses que l’équipement (les voyages, les petits enfants),
du coup les projets qui foisonnaient auparavant dans notre esprit
n’existent plus !
De WE en WE … je suis finalement arrivé à toucher
le pied de la paroi, le 25 juillet 2009. J’ai découvert
des goujons dans le bas … mais c’était ceux de
la voie Du Rap au Tag qui n’utilise pas ma ligne et bifurque
rapidement à droite pour couper la voie Rubik’s cube.
Le moral était néanmoins assez bas, car je trouvais
cette voie trop dure (je penserai ça jusqu’à la
répétition), et j’étais persuadé
de ne pas pouvoir terminer cette année 2009.
J’avais déjà connu le doute, et même pensé
abandonner, quand j’étais descendu directement au dessous
de R9 … dans du rocher terrifiant, avant de découvrir
(à quelques secondes de l’abandon), la ligne évidente
au dessus du crux de R6 ! Il m’a fallu tout déséquiper
et replacer les statiques dans la ligne actuelle. Le doute aussi quand
pour atteindre le pied de la voie, depuis la cabane café, j’ai
découvert que la remontée entre le pied de la rampe
de Choranche et mon attaque, était infernale et dangereuse
... il m’a fallu purger les blocs instables et ensuite poser
des mains courantes pour pouvoir accéder avec un gros sac à
mes statiques !
Mais le magnifique été 2009 aura eu le mérite
de me permettre des WE efficaces ! Petit à petit, bien aidé
par Renée GUERIN, les longueurs furent équipées,
nettoyées et les cordes finalement retirées.
Début septembre 2009, il ne me restait plus que du jardinage
dans les vires et aussi terminer la sortie directe commencée
classiquement du bas, (avec étriers et goujons de 8mm), afin
de savoir si c’était envisageable ! Cette sortie directe,
sera beaucoup plus difficile il me semble. Mais elle était
évidente … et je n’ai pas résisté
! Néanmoins la voie originale reste par la droite au dessus
de R15.
Le 30 août 2009 la voie était faisable en l’état,
mes chaussures "spéciales chantiers" ont
aussi rendu l'âme, (comme le piolet ... c'est un signe),
ce jour là!
Le 4 septembre je suis monté depuis la cabane café avec
Renée GUERIN, pour écrire le nom au pied et récupérer
des statiques larguées depuis le haut et le 5 septembre, pendant
que Renée évacuait les statiques posées sur la
vire à R15, je pensais terminer même la sortie directe
… mais désillusion, vaincu par la fatigue, il me manquait
encore un peu de nettoyage et 4 points à poser !
La météo était excellente, et le dimanche 6 septembre
2009 nous avons pu répéter et donner les cotations de
la voie. Cotations fixées par Renée GUERIN (entièrement
en tête pour pouvoir donner des cotations objectives) …
l’équipeur Bruno FARA étant fatigué de
la veille !
Ces cotations sont à vue et toutes les longueurs ont été
enchaînées en libre (sauf les 3 points de A0 de L6 …
mais qui doivent pouvoir passer en libre). Compter environ 5h pour
la voie, qui doit faire dans les 260m).
Quelques considérations …
Même pour l’équipeur il a semblé en répétant
que l’équipement est parfois un peu dense ! Mais il n’a
pas le courage de redescendre 300m de statiques pour modifier un peu
certains passages (il ne s’agit pas d’enlever 1 point
mais parfois d’en placer 2 à la place de 3 … donc
tout changer). Autres arguments, la voie traverse la plupart du temps
… et pour des seconds, un peu faibles … certains points
seront bienvenus uniquement pour ne pas avoir l’angoisse de
faire l’essuie glace (qui souvent se terminerait sous les surplombs)
et aussi dans cette voie en traversée au dessus des surplombs,
une retraite est très très problématique. Pouvoir
sortir … à tout prix, sera peut être un jour bienvenu
grâce au peu d’engagement). Enfin la présence de
coulées noires fait supposer que parfois des zones sont mouillées
… et là (comme dans Haute sécurité) ce
sera mieux que bienvenu.
Pour finir … quelques moments d’émotions de ces
deux années passées à équiper cette voie
!
Les amis belges
(Monique et René), des randonneurs Toulonnais avec lesquels
nous avons tissé des liens amicaux. Gilles Dacier et sa cabane
café où il fait bon poser le sac le soir …
Et ce moment de solitude au sommet le lundi 7 septembre 2009, assis
sur mon sac, la sortie directe enfin nettoyée … et la
pensée qui se dit : Est il pensable que je connaisse encore
une fois cette émotion de la voie terminée ? Aujourd’hui
je ne réponds pas à cette question, je laisse la part
au rêve !
Dès le mardi 8 septembre, Bernard Gravier donnait la cotation
en libre des points en A0 … cela vaut 7a+ selon lui. Le WE suivant,
la voie fut immédiatement reprise par plusieurs cordées,
et le 25 septembre 2009, je suis retourné avec Renée
GUERIN pour donner les cotations de la sortie directe 7a selon elle
… (avec un petit + à mon avis) pour la 1ère longueur,
et 6b pour la seconde. Le rocher est exceptionnel dans cette section,
ce qui devrait inciter ceux qui sont encore frais à utiliser
cette variante de sortie.
Voici un petit film tourné en 2014 dans cette voie par Michel
Mounier, un collègue du temps du CAF de Lyon:
https://youtu.be/QjHaUZJv31k
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